Gaîté lyrique – février / juillet 2018
À propos
Afrocyberféminismes Pimp your brain!
Afrocyberféminismes est un projet de recherche qui questionne les enjeux contemporains posés par les technologies numériques au regard de l’Afrique et de ses diasporas en explorant la place du genre et de la race.
There’s nothing new under the sun, but there are new suns.
Dans le sillage d’Octavia E. Butler
Ce cycle s’inscrit dans le sillage de l’écrivaine africaine-américaine Octavia E. Butler et notamment de son roman Le Motif, publié en 1977 aux États-Unis sous le titre original de Mind of my Mind. Il fait partie de la série the Patternist (ou Patternmaster ou Seed to Harvest) dont l’échelle de temps s’étend de la période de l’Égypte ancienne au futur.
Depuis quatre mille années, Doro le Nubien, produit de mutations multiples et étranges, s'efforce de fonder sur Terre une nouvelle race d'hommes. Á cette fin, il fait croiser les êtres des divers continents. Il crée des familles, il est père, souvent incestueux, d'une quantité d'êtres qui tous participent de lui. Mary, sa propre fille est douée d'une puissance étonnante, celle de créer un filet, un MOTIF, télépathique qui régénère et guérit les victimes abandonnées du système d'élevage de Doro. Cette puissance entrera bientôt en conflit avec les instincts et les appétits de Doro d'où naîtra un combat à mort.
Le Motif traite du corps aux prises avec l’ingénierie biologique, de mutants aux pouvoirs psy, d’aliens, de vampires, d’esclavage mental. Mais aussi de la marginalité radicale, de l’éthique du pouvoir, du pouvoir du collectif, des rapports homme / femme, de l’empathie, du soin et de la résilience. On peut même voir dans ce réseau mental qui va se constituer, une technologie de communication alternative, basée sur l’empathie pour la détresse d’autrui. Enfin, présente en arrière-plan, il y a la question du rapport à l’Afrique que les diasporas réinventent continuellement.
Octavia Estelle Butler (1947-2006) est la plus célèbre représentante de la littérature de science-fiction africaine américaine. Pionnière et passeuse, elle n’est pas « seulement » une écrivaine. Pour Adrienne Maree Brown qui a dirigé l’anthologie Octavia’s Brood, les travaux d'Octavia Butler ne sont pas que des livres à lire mais l'occasion de réfléchir de manière critique aux outils et aux compétences dont nous avons besoin en tant qu'êtres humains pour créer le monde que nous voulons.
Octavia E. Butler voyait l’avenir comme un lieu très similaire au monde actuel. Même si elle portait un regard plutôt pessimiste sur notre capacité en temps qu’humains à surmonter nos luttes contre le racisme, le sexisme et d’autres formes d’oppression, elle continua d’exprimer un « espoir post-apocalytique », qui suppose que même dans les conditions les plus oppressives, notre capacité d’agir demeure intacte.
Les archives d'Octavia E. Butler sont conservées à The Huntington Library, à San Marino, en Californie.
Le cycle Afrocyberféminismes à la Gaîté lyrique
Á la Gaîté Lyrique, Afrocyberféminismes est un cycle de rencontres, de projections, de performances élaboré à partir de propositions de chercheurs, d’activistes, d’artistes d’horizons divers qui ont en commun d’explorer les technologies numériques à travers les questions de genre, de race et de la place de l’Afrique et de ses diasporas.
Inspiré de l’oeuvre d’Octavia E. Butler, la programmation a pour ambition de proposer des scénarios qui renouvellent le regard sur l’histoire des sciences et des technologies, refusent l’alignement sur les modèles dominants et affirment leur volonté de produire d’autres récits, d’autres configurations possibles.
Le motif dessiné à chacune des rencontres mensuelles viendra s’agréger aux précédents pour former au final un « Motif » dont on ne connaît pas a priori la forme mais qui fonctionnera comme une cartographie sensible, politique et futuriste d’un afrocyberféminisme des « non alignées ».
Le cycle conçoit l’espace de la programmation comme un espace de construction d’un savoir commun qui va du travail de mémoire à l’usage des outils numériques, de la théorie à l’application; souhaite faire de chaque rencontre une nouvelle étape dans la constitution d’un réseau actif et aboutira à la production d’un ouvrage collectif.
Programmation des séances
- séance 1, le 21 février La première cellule immortelle
- séance 2, le 21 mars Trans, Cyborgs, Avatars et Gaming Postcolonial
- séance 3, le 11 avril Licornes africaines, Mami Wata, Internet et les astronautes
- séance 4, le 23 mai Black Stars
- séance 5, le 13 juin La race et le genre à l’épreuve du code
- séance 6, le 4 juillet Post-futurs et temporalités alternatives
une publication numérique multisupport
En vue de garder la trace de cette série de rencontres, un modèle de publication est développé par des chercheurs d'EnsadLab (le laboratoire de recherche en art et en design de l'ENSAD-PSL, en collaboration avec les organisatrices de l'événement.
Dans le cadre des activités d'EnsadLab autour des éditions numériques et hybrides, Lucile Haute (chercheuse UNÎMES et EnsadLab, coordination), Julie Blanc et Quentin Juhel (étudiants chercheurs EnsadLab) assurent la conception et la réalisation, graphiques et techniques, de cette publication multisupport (web, ePub, PDF et impression à la demande) réalisée avec des outils libres.
En amont de chaque séance, le site proposera des ressources et lectures complémentaires. Pour chacun des rendez-vous, un.e écrivain.e et un. artistes ou illustrateur.ice. sont invité.e.s à poursuivre la séance sous la forme d’une courte nouvelle ou d’une proposition visuelle. Des compte-rendus réalisés collectivement seront publiés en ligne à l’issue de chacune des rencontres.
Ce site est placé sous Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International (CC-By-NC-ND)
Typographie : Alfphabet par Pierre Huyghebaert et Ludivine Loiseau
Partenaires
- Avec la participation du DICRéAM.
- EnsadLab
- Partenaire Média Intense art Magazine
Biographies
Oulimata Gueye
Oulimata Gueye est critique et commissaire d’exposition indépendante. Après avoir co-organisé de nombreux événements multidisciplinaires internationaux au sein de l’équipe du Batofar à Paris, elle a co-fondé et co-dirigé le festival Infamous Carousel (Centre Pompidou, Palais de Tokyo, Jeu de Paume…) dédié à la performance, aux pratiques sonores expérimentales et aux arts des médias. Depuis 2010, elle étudie l’impact des technologies numériques sur les cultures populaires urbaines en Afrique et suit les travaux des artistes, activistes et théoriciens qui pensent les enjeux socioculturels, politiques et économiques de l’Afrique au XXIe siècle. Parmi ses domaines d’investigation, elle développe une recherche curatoriale sur la place de la science sur le continent africain et les potentiels de la fiction comme espace et outil d’analyse et de projection : Africa sf.
Marie Lechner
Marie Lechner est reponsable de programmation artistique à la Gaîté Lyrique. Ancienne journaliste pour Libération, spécialisée en art et cultures numériques, elle a été co-commissaire des expositions Lanceurs d'alerte (Gaîté Lyrique, 2017), Panorama des mutations du travail (Biennale de Saint-Etienne, 2017) et du projet européen Streaming Egos
EnsadLab
EnsadLab est le laboratoire de recherche en art et en design de l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs (membre de Paris Sciences et Lettres Research University). Ces dernières années, Julie Blanc, Quentin Juhel (designers et étudiants chercheurs EnsadLab) et Lucile Haute (chercheuse UNÎMES et EnsadLab) développent au sein du groupe Reflective Interaction d'EnsadLab des projets éditoriaux hybrides et collabore avec les communautés scientifiques et les professionnels du domaine. www.ensadlab.fr
Informations pratiques
Le cycle Afrocyberféminismes se déroule dans l’auditorium de la Gaîté lyrique de 19.00 à 21.00.
Billeterie : 6€, adhérents : 4€, Pass 6 séances : 30€
La Gaîté lyrique. 3bis Rue Papin, 75003 Paris